Anne-Clémence, du conseil municipal junior au climat

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3/4/2023

Numéro de 55 degrés à l'ombre, notre newsletter mensuelle qui décrypte l'actualité des entreprises face au dérèglement climatique.

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Le déroulé de cet épisode

Salut Anne-Clémence, comment ça va ?

Un jour ma maman m’a partagé ce conseil utile : “Certes, le climat va mal, mais ça ne sert à rien que tu ailles plus mal que le climat”. Donc, ça va.

Blague à part, d’un côté je trouve que c’est vertigineux et excitant de vivre cette période de transition. L’ONU nous rappelle tous les ans que nous avons l’avenir de l’humanité entre nos mains, ça apporte de la densité à notre existence et ça donne envie de consacrer l’intégralité de son temps à la cause environnementale.

Et d’un autre côté, c’est aussi important pour moi de continuer à vivre dans l’instant présent : passer des moments en famille et entre amis sans parler climat, cultiver mon potager, faire parfois quelques concessions “carbonées” (la raclette végétarienne c’est bien, mais en vrai je trouve ça meilleur avec de la charcuterie).

C’est comme ça que je trouve mon équilibre et que je continue à avoir de l’énergie pour faire avancer la prise en compte des sujets environnementaux en entreprise.

Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?

Côté pro, je suis associée et consultante climat chez Magelan. Je m’occupe plus particulièrement du pôle “conseil sur-mesure”, à savoir des accompagnements de PME et ETI dans leur démarche de transition bas-carbone, jusqu’à l’atteinte de résultats concrets.

Faire un bilan carbone, c’est une bonne première étape, mais le vrai effort de transition commence ensuite, lorsqu’il s’agit par exemple de revoir en profondeur ses achats de matière, la conception de ses produits, ou bien de ré-interroger la pertinence de son modèle dans un monde aux ressources contraintes. Notre objectif est de guider nos clients dans cette phase de concrétisation, en générant de l’enthousiasme au sein des équipes, en identifiant clairement les bénéfices, en apportant des idées et un mode opératoire.

Côté perso, j’adore lire, pratiquer le yoga, faire du vélo et de la randonnée, réapprendre des choses très simples comme jardiner. Rien de très original, et pourtant très enrichissant.

Qu’est-ce qui t’a menée à vouloir travailler sur le climat ?

Je m’intéresse à l’environnement depuis toute petite. Quand j’avais 10 ans, j’étais au conseil municipal junior de ma ville dans la commission “environnement” et on avait organisé une journée de sensibilisation au tri sélectif pour les habitants (à l’époque, c’était tout nouveau).

Mais lorsque j’ai commencé à travailler dans un grand cabinet de conseil en stratégie, j’ai complètement occulté ce sujet de ma vie. Je me souviens très clairement de moments où, en voyant des titres d’articles sur le climat sur Le Monde, je scrollais consciemment sans les lire.

J’ai sorti la tête du sable lorsque j’ai déménagé à Lyon à l’été 2019. On avait eu 10 jours de grosse chaleur à 35-40 degrés qui me rendaient atone, et un jour j’étais sur mon canapé et je me suis juste dit “ok, il est temps d’ouvrir les yeux et d’affronter la réalité”.

À partir de là, j’ai eu le parcours classique de toute personne en transition : j’ai lu beaucoup de livres et de rapports, pour me rendre compte que la situation était encore pire que ce que j’imaginais, puis j’ai fait évoluer mon mode de vie personnel. J’ai aussi tenté de convaincre mes proches, sans grand succès car j’avais une posture trop radicale à l’époque. J’ai demandé un 90% au travail pour accompagner en parallèle des entrepreneurs sociaux via l’association Anciela qui promeut la transition à Lyon, et pour animer des Fresques du Climat. Mais j’avais toujours une petite dissonance cognitive, alors j’ai finalement quitté mon poste pour m’investir à 100 % en faveur de la transition. J’ai rencontré Thomas et Adrien à ce moment-là, et je les ai rejoints dans l’aventure Magelan à la rentrée 2021.

Concrètement, c’est quoi ton travail au quotidien ?

La moitié du temps, je travaille sur des projets clients. Par exemple, en ce moment avec Félix on accompagne un acteur de l’agroalimentaire à mesurer son impact, à internaliser la compétence “carbone” et à définir son plan de transition. À ce sujet, une petite anecdote qui nous a beaucoup motivés : l’autre jour, nous leur avons présenté plusieurs scénarios à 2030 pour leur entreprise, que nous jugions plutôt ambitieux, afin de les aider à définir leur vision. A la fin de la présentation, ils nous ont répondu “non mais tout ça, on va le faire, et bien avant 2030” !

L’autre moitié du temps, j’avance sur le développement commercial et la structuration de certains sujets internes. En ce moment, je travaille en particulier sur la valorisation de notre dernière étude open-source qui porte sur la décarbonation du scope 3 des PME et ETI : c’est souvent le plus gros enjeu pour les entreprises, et il est difficile de s’y attaquer sans collaborer avec ses parties prenantes. Par ailleurs, j’ai un gros chantier sur les sujets de “vie interne” : comment bien intégrer les consultants qui nous rejoignent, comment proposer à chacun un parcours de développement épanouissant, qui tienne compte des forces et des intérêts individuels. On voudrait éviter de créer une “armée de consultants” tous identiques !

Tu as fait une grande transformation dans ta vie : alors, c’était mieux avant ou pas ?

Non, vraiment pas. En sortant d’une école de commerce on peut tomber dans un schéma très enfermant qui consiste à travailler beaucoup parce que c’est stimulant et qu’on a besoin de reconnaissance. Cela offre une belle progression salariale, alors on augmente notre niveau de vie petit à petit, et il y a un effet de cliquet qui nous empêche d’en sortir. On se retrouve à être un peu tout le temps “sous l’eau”, puis on a le sentiment de passer à côté de sa vie.

Je suis fière d’avoir réussi à sortir de cette logique, et je me sens très libre aujourd’hui. D’ailleurs, je ne sais pas si je ferai encore du conseil dans quelques années : Magelan, c’est une structure qui vise à avoir de l’impact sur le climat. Le conseil est un moyen, mais il y en a plein d’autres que l’on pourra explorer, au gré de nos envies et de la tournure que prend la transition.

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