Félix, du surf au climat

Articles
22/6/2023

Numéro de 55 degrés à l'ombre, notre newsletter mensuelle qui décrypte l'actualité des entreprises face au dérèglement climatique.

S'abonner à la newsletter
Le déroulé de cet épisode

Salut Félix, comment ça va ?

Ca va très bien ! J’ai 24 ans, je suis en bonne santé, et j’ai la chance de me former chaque jour aux enjeux climat qui me passionnent. Quand on est préoccupé par ces sujets, y dédier du temps est un moyen efficace pour se sentir bien.

Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?

Je suis actuellement en stage de fin d’études chez Magelan en tant que consultant climat, ce qui occupe mes semaines depuis maintenant 5 mois. Je suis également en train de finaliser mon cursus étudiant au sein du Programme Grande École de l’emlyon, où j’ai étudié durant ces 4 dernières années. Le sport - le surf, la pelote basque et le vélo - rythment mon temps libre et me permettent de me défouler avec mes amis. Enfin, j’essaie tant que possible de passer du temps en famille et notamment avec ma sœur Ana, avec qui nous sommes très proches.

Tu as été sportif de haut niveau jusqu’à tes 19 ans. Comment est-ce qu’on passe du sport au climat ?

Les structures fédérales m’ont permis de concilier sport en compétition et cursus étudiant jusqu’en classe préparatoire. De par cette pratique, j’ai été sensibilisé aux enjeux de préservation de la biodiversité très tôt (je surfe depuis mes 5 ans), et notamment à la pollution des océans, car le plastique est un fléau qui n’épargne plus aujourd’hui une seule plage du littoral Atlantique, malgré l’immense travail mené par de multiples associations et ONG (notamment No Plastic In My Sea, M. et Mme. Recyclage et Surfrider Foundation pour n’en citer que quelques unes). Cette confrontation régulière à la pollution plastique a motivé mon engagement dans les enjeux liés à la transition écologique, par le biais de deux stages de 6 mois dans ce domaine - d’abord chez le transporteur “Olano” en participant à la mise en place d’une politique de gestion des emballages, puis au sein du cabinet de conseil “InOff Plastic”. Ce deuxième stage en conseil auprès d’entreprises souhaitant réduire leurs emballages à usage unique m’a permis de gagner en rigueur dans ma réflexion concernant la protection de la biodiversité d’une part, et la lutte contre le changement climatique d’autre part, deux thématiques profondément liées mais trop souvent confondues.

Comment est-ce qu’on devient consultant climat après une école de commerce ?

Durant mes 2 années de classes préparatoires, j’ai dédié peu de temps aux sujets climat et l’écologie en général, même si j’étais déjà sensible à ces problématiques. En rentrant à l’emlyon en septembre 2019, je ne savais pas précisément dans quel voie professionnelle m’engager, mais je souhaitais passer plus de temps à me former aux enjeux environnementaux. Au moment d’intégrer une association étudiante en octobre 2019, j’ai choisi d’intégrer le NOISE - Nouvel Observatoire de l’Innovation Sociale et Environnementale, association présente dans 10 écoles supérieures - qui vise à :

  1. sensibiliser les étudiants à l’Économie Sociale et Solidaire,
  2. accompagner des entrepreneurs sociaux dans la réalisation de leurs projets,
  3. porter la cause environnementale au sein de l’enseignement supérieur.

Les projets portés par cette association (Mission Microfinance, Fresque du Climat, SEDD…) m’ont donné envie de centrer mon parcours académique autour des enjeux environnementaux, notamment par le biais des cours électifs de l’emlyon. Trois cours m’ont tout particulièrement marqué : “Energétique et entrepreneuriat”, “Innovation et géopolitique de l’Énergie” et “Logistique Verte”. Ces cours ont été des portes d’entrées vers les enjeux climats (Bilan Carbone et Analyse de Cycle de Vie) et la transition énergétique, ce qui m’a poussé à candidater chez Magelan pour l’offre de stage de fin d’études en tant que consultant climat.

Concrètement, c’est quoi ton travail au quotidien ?

Je contribue à des missions de conseil en stratégie climat, principalement à destination de PME et ETI industrielles.

Concrètement, je participe à la réalisation de Bilan Carbone en :

  • suivant la collecte de données d’activités (kWh de consommation d’électricité, kg d’intrants et de matières, km parcourus par les salariés en voiture)
  • calculant les émissions associées à ces données (grâce à des facteurs d’émissions publiés sur des bases publiques telles que la Base Carbone de l’ADEME) afin d’estimer l’empreinte carbone d’une entreprise.
  • participant à la construction de supports de présentation, afin d’analyser les résultats du calcul
  • restituant les résultats du bilan carbone, le plus souvent à l’oral chez les clients de Magelan.

Ensuite, je participe à l’animation d’ateliers “plan d’action”, pour faire émerger des pistes concrètes permettant de réduire les émissions sur les postes où la contrainte carbone est la plus forte.

Par ailleurs, je contribue aux réunions d’équipe, et à la veille hebdomadaire sur le climat. J’ai eu l’opportunité d’assister récemment au salon ChangeNOW pour présenter la Roadmap du Climat, nouveau programme de formation de Magelan, à destination des entreprises souhaitant transformer leur activité afin de contribuer à la transition bas-carbone.

Tu as choisis un métier en lien avec la transition écologique. Te sens-tu en décalage par rapport à ta promotion ?

Le dernier classement des Échos montre que la majorité des étudiants d’écoles de commerce continuent de plébisciter les entreprises qui suivent un modèle d’affaires traditionnel, et dont les engagements en termes de lutte contre le changement climatique ne sont pas compatibles avec l’Accord de Paris. Même si aujourd’hui les étudiants d’écoles de commerce semblent de plus en plus sensibilisés aux enjeux de transition écologique, une minorité d’entre eux sont prêts à choisir une entreprise en fonction de ce critère. Je ne sais pas si je me sens en décalage par rapport à ma promotion, mais de fait, la plupart des étudiants d’écoles de commerce n’ont pas encore saisi les enjeux de transition. Les scénarios alignés avec l’objectif de neutralité carbone planétaire induisent des réductions “profondes”, “rapides”, et “soutenues” (cf. GIEC - IPCC, AR6, Summary for Policymakers, p.19) qui induiront des changements radicaux dans nos modes de vie, et dans nos carrières. Ces changements impacteront probablement tous les secteurs d’activité et tous les types de structures, de la start-up jusqu’au très grand groupe. De fait, nous sommes tous concernés par ces changements, que l’on choisisse ou non un métier en lien avec la transition écologique. Il me semble que la question est plutôt de savoir si on souhaite contribuer à cette transition au sein de nos secteurs respectifs, ou si au contraire on souhaite la freiner.

Pour finir, des recommandations pour celles et ceux qui voudraient avoir un métier qui a du sens après l’école ?

Magelan a publié récemment un article qui indique plusieurs ressources importantes pour celles et ceux qui souhaitent s’engager dans le conseil en stratégie climat. Ces ressources demandent parfois du temps pour être assimilées : elles sont très riches et seront valorisées en entretien.

La formation académique, les ateliers de formation, les conférences, les reportages, et tout ce qui traitera de près ou de loin des enjeux climats seront toujours bénéfiques et enrichissent les réflexions personnelles autour de ces sujets.

Plus généralement, je pense qu’il est nécessaire de prendre du temps pour lire :

  • Le “résumé pour décideurs” du rapport de synthèse du groupe de travail n°3 du GIEC, publié en 2023, en anglais.
  • Le “résumé pour décideurs” du rapport du groupe de travail n°1 du GIEC, publié en 2021, en français.
  • Le “résumé pour tous”, rédigé par les membres de l’unité de soutien technique du groupe de travail n°1 du GIEC, qui n’a pas fait l’objet de la procédure de relecture du GIEC, mais auquel Valérie Masson Delmotte a contribué, publié en 2021, en français.

Au-delà du conseil, il existe beaucoup de secteurs dans lesquels il est pertinent de travailler pour contribuer à la neutralité carbone planétaire d’ici 2050.

  • Le transport : c’est le seul secteur qui n’a pas réduit ses émissions en France et en Europe en 30 ans, et c’est aussi le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre en France. Travailler à la décarbonation de ce secteur est clef dans les prochaines années.
  • La communication et la publicité : nous avons besoin de créer de nouveaux imaginaires collectifs compatibles avec des scénarios de transitions. Les étudiants spécialisés en communication et en marketing ont un rôle essentiel à jouer pour rendre “désirables” des modes de vie plus sobres.
  • L’économie circulaire et l’industrie de l’”après-première-vie” (tout ce qui peut aller dans le sens de la réduction, du réemploi, de la réparation, et du recyclage des matières et produits).
  • L’agroécologie et tout ce qui peut permettre de préserver et de régénérer des sols. Le rôle de ces sols sera déterminant dans la lutte contre le changement climatique d’ici la fin du siècle.

Ressources liées

Copié
pourquoi-fixer-une-trajectoire-de-decarbonation
Articles
2/2/24
Copié
annee-2023-magelan-chiffres
Articles
19/12/23